Jean-Robert Léonidas, Comme un arbre planté dans le jardin du bon Dieu, Paris, 2022

Un arbre dans le jardin de Dieu : voici une image qui nous enjoint de remonter à la source de pas mal d‘histoires, et aussi de pas mal d’imaginaires qui croisent et recroisent les fils du bien et du mal, du genre, des histoires de paradis et de perte de celui-ci, des histoires de genre, de serpent, de connaissance des autres, de soi, de l’origine et aussi d’identité.

Michel Soukar, Le Sang du citoyen, Préface de Józef Kwaterko, C3 éditions, 2020

Interroger sans cesse les plis et les replis de l’histoire : cette tâche entreprise par Michel Soukar depuis bien des années, bien des ouvrages, d’abord, témoigne de l’urgence à construire des savoirs au sujet de l’élaboration mouvementée de l’État haïtien.

Alors qu’un des aspects de l’œuvre de Dalembert traite de la séparation voire du divorce avec la terre haïtienne, un autre célèbre à l’inverse son aimantation : Haïti a attiré et drainé à elle celles et ceux qui ne souffrent pas les manquements à la liberté.

Le roman historique, nous a appris le vieux Lukacs, ferait sortir les âmes simples de l’épopée, car l’épique a toujours à voir quelque peu avec la Providence et la présence du divin.

Il y a quelques années, Emmelie Prophète était chargée de piloter la Direction nationale du livre, organisme qui dépend du ministère haïtien de la Culture, chargé de mettre en œuvre une politique de l'édition et de la diffusion du livre et de l'écrit, dans un pays dont la lutte contre l'analphabétisme demeure encore une des priorités.

Un des passages les plus touchants du roman Le Bout du monde est une fenêtre d’Emmelie Prophète met en scène le retour d’un des protagonistes sur les lieux de son enfance, le village de Suzanne, assoupi au bord de la mer, pas loin de Bondeau.

Il faut à la fois une grande confiance dans l’écriture et en même temps un sens aigu de la mesure pour parvenir à lui faire toucher la pauvreté et la misère, car le risque est grand de la voir trébucher sur la condescendance, le surplomb voyeuriste ou bien la myopie.

La question des faux-semblants travaille la société haïtienne, on le sait.